mercredi 24 mai 2006

Hospitalisation #1

Ce matin là, ça faisait deux nuits que Pat n'avait pas dormi. Je m'étais levée à 6h du matin environ parce que je l'entendais parler fort avec Hind. Je suis descendue et Hind était toute apeurée. Elle disait qu'il avait de quoi de pas normal. Il avait donné un coup dans le mur avec son poing. Il était aussi allée la voir dans le lit avec une fourchette et une perceuse en lui demandant : "Sais-tu c'est quoi ça ?". Plus tard, je suis redescendue et il ne portait qu'une chemise, avec rien d'autre. Il était tout insulté de me voir dans l'escalier et m'avait ordonné de monter tout de suite et de cogner "avant de descendre la prochaine fois". Il ne m'avait jamais demandé une telle chose. Il continuait de se parler tout seul, de faire des croquis et de prendre des notes.
Je voyais bien qu'il n'était pas dans son état normal. J'étais tellement nerveuse puisque je ne savais pas quoi faire. Personne de ma famille n'était au courant de son état à ce moment là. Même pas ma mère. Mais là, il fallait que je lui en parle puisqu'il fallait faire quelque chose pour lui. Ça durait depuis assez longtemps.
J'ai donc appelé ma mère, une fois le petit à la garderie, j'ai appelé le 911. D'abord, pour savoir ce qu'il était possible de faire, puisque ma crainte était que les secours viennent, mais sans pouvoir rien faire pour lui. J'avais peur que Pat m'en veule. Je ne savais rien de ses possibles réactions.
Finalement, ils m'ont assuré qu'ils allaient l'amener à l'hôpital. Ils sont arrivés et sont descendus le voir. Il était tellement surpris et ne semblait pas comprendre ce qui se passait. Il était maintenant habillé que de son costume d'haltérophilie.
Ma mère était dans les escaliers et il a voulu aller la rejoindre pour l'embrasser. Il avait avisé les policiers (qui lui demandaient de rester sur place), mais ils n'ont pas pris de chance... Tout s'est fait trop vite, mon frère a fait à peine deux pas et ils ont dû le maîtriser au sol... Je l'entends encore se plaindre de douleur. Ils lui ont mis les menottes aux poignets. Et il est parti peu de temps après pour l'hôpital.
Durant la journée, j'ai insisté pour rencontrer le psychiatre. J'ai finalement vu l'infirmière de liaison. Je voulais être certaine qu'on prenne en considération non pas seulement que la version des faits de mon frère, mais aussi celle de son entourage. Je voulais aussi qu'ils sachent comment était mon frère dans son état normal. Je voulais qu'ils prennent conscience du changement drastique de son comportement.
En bref, cette journée là, mon frère était sous calmant et dans un état un peu confus. Vers l'heure du souper, à partir de la salle d'attente, je l'ai même vu sauter sur son lit... Il disait qu'il avait besoin de bouger, que c'était un athlète. Pauvre Patrick, après ça, ils ont du l'attacher à son lit. Moi, de mon côté, j'étais certaine qu'il m'en voulait et qu'il ne comprenait pas pourquoi j'avais appelé les soins de secours. J'étais tellement mal à l'aise d'aller le voir dans la chambre.
Mais il avait tellement besoin d'aide...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Chère Mélanie,
Je sais que le mois qui vient sera très difficile, en particulier pour toi, Sylvie, Stephen, Roger et Hind. Sache que je suis de tout coeur avec vous. Je ne me suis pas très souvent exprimé face à ce drame qui a frappé notre famille élargie, mais il n'en reste pas moins que je vis avec vous dans le quotidien et que je tente à ma façon, dans la discrétion et le respect, d'être un soutien pour vous qui avez perdu un fils, un frère, un oncle, un amoureux.

Affectueusement,
Serge