jeudi 12 septembre 2013

La peur voilée

Il est temps pour les femmes voilées de sortir de l'ombre et d'affirmer haut et fort leur choix. Il est temps de s'exprimer sur ce qui nous dérange, nous fait peur, nous confronte, pour adoucir les tabous et effacer les non-dits.
Chaque jour, ou presque, dans le cadre de mon travail, j'ai à travailler avec des femmes voilées. À ma question, lorsque j'ai osé lui demander si c'était par choix qu'elle portait le voile, elle m'a répondu bien sincèrement que oui ! Une femme assumée avec qui il est agréable de collaborer. Une femme qui travaille dans une garderie, auprès des enfants. Elle accueille les enfants à grands bras ouverts et les accepte tel qu'ils sont. Une femme de belles valeurs.
Depuis deux jours, le dépôt du projet de charte au Québec m'a permis de vivre différentes situations. Une où j'ai vraiment ressenti la peur chez ces femmes qui ne veulent pas être obligées de quitter leur emploi. Elles ne veulent pas être obligées de se dévoiler pour travailler. Leur voile fait entièrement partie de leur identité, même si la tendance est de croire à tord qu'elles ne l'ont pas choisi et qu'elles y sont soumises.
J'ai aussi eu l'occasion d'avoir différentes discussions sur le même thème, avec des personnes totalement différentes et d'âges divers. Cette charte, elle fait peur oui, mais elle permet aussi de prendre le temps de réfléchir et de discuter de sujets qui jusqu'ici étaient tabous, évités. Nous vivons un choc de culture qui nous permettra, j'ose le croire, avancer tous ensemble dans la direction que nous aurons choisi ensemble. Des mécontents, il y en aura tout le temps, mais une chose est sûre, c'est qu'il est l'heure de discuter sérieusement d'un sujet important. De se regarder dans le blanc des yeux et de se demander ce que nous sommes prêts à accepter comme vie humaine en société.